Suite à l’exposition Fashion Tech de septembre 2019, j’ai été contactée par les organisateurs d’une exposition autour des évolutions et des innovations autour du textile. Un projet qui m’a tout de suite intéressée, car la recherche de nouvelles matières, de nouveaux effets et d’innovation autour des textiles est précisément ce qui m’inspire pour Flo Home Delight.
Cette exposition se nomme “Mode au futur // Fashion évolution” et est dirigée par Anna-Barbara Aumüller & Gaëtan Anaërlin. Elle se divise en 4 thèmes : les textiles innovants, les techniques d’avant-garde, la connectique et la luminescence, le recyclage et l'économie durable.
Mon travail pour cette exposition s’inscrit entre la thématique “Textiles innovants”, qui retrace les dernières inventions de textiles, et “Techniques d’avant-garde”, qui s’intéresse aux procédés d'ennoblissement. Le néoprène que j’utilise dans la collection Néosmock n’est pas si récent, puisqu’il a été inventé dans les années 1930, puis utilisé comme textile technique pour les combinaisons de plongée à partir des années 1950, puis dans la mode dans les années 2010. Le Smock Canadien semble exister depuis le 19e siècle.
Qu’est-ce qui est innovant, alors, dans ce processus ?
La combinaison des deux !
Le smock était une technique plutôt démodée, voire oubliée, et en l’associant à une matière plus moderne, le néoprène, le résultat permet d’actualiser la technique, de l’inscrire dans le présent et de la revaloriser.
Le processus créatif & les étapes de réalisation
Pour ce projet, j’avais plusieurs éléments imposés : créer une pièce du dessus (une veste ou un manteau) en utilisant le smock canadien, et avec la matière fournie par l’un des participants, une maille 3D noire.
L’ADN de Flo Home Delight, c’est d’écouter le tissu, de regarder son tombé, son volume, sa main, et créer en fonction de cela de nouvelles manipulations textiles.
Cette matière imposée est épaisse, un peu raide, marquant un peu les plis. Elle est bien différente du néoprène que j’utilise habituellement, qui est beaucoup plus souple, moelleux et doux.
Une adaptation du point de smock s’impose alors !
À différentes échelles, le point traditionnel du Néosmock produit toujours un effet épais, grossier, un peu trapu. J’ai ainsi essayé d’autres points, jusqu’à trouver celui qui semble le plus en adéquation avec la maille 3D.
Une fois le point choisi, le point de treillis, on peut passer à la recherche de la forme du manteau, qui utilisera au mieux les motifs et les reliefs créés par le tissu smocké. Cette technique de recherche de volume, réalisée sur un mannequin, s’appelle le moulage.
Elle s’effectue en épinglant le tissu de façon précise sur le mannequin, et il s’agit ensuite de placer le tissu, en regardant les plis formés, de la plus “jolie” façon qui soit. C’est un exercice qui demande de la pratique et un sens de l’observation, afin de comprendre les mouvements et les plis du tissu.
Car on ne peut pas toujours lui faire prendre la forme que l’on veut, que l’on a imaginée mentalement ; le tissu peut se comporter d’une façon totalement différente de ce que nous avions pensé, et le résultat est alors difficile à prévoir ; une véritable surprise parfois !
C’est exactement cet aspect que j’ai utilisé pour créer le volume du manteau : je me suis laissée guider par le tissu et les plis qu’il a naturellement créés.
Et voici le résultat final !
Le manteau est exposé au sein de l’exposition “Mode au futur // Fashion évolution”, présentée pour la première fois au musée de Bourgoin-Jallieu, du 19 septembre 2020 au 14 mars 2021, au 17 rue Victor Hugo, 38300 Bourgoin-Jallieu.
L’exposition s’est ensuite déplacée dans différents lieux à Roubaix (l’Hôtel de Ville, à l’Avant-Poste, aux Archives Nationales du Monde du Travail, au musée La Piscine, à l’ENSAIT, à Euramaterials et l’Espace Grand Rue), du 5 octobre 2021 au 9 janvier 2022.
